Dans chaque capsule Soyouz partent trois membres d’équipage en direction de la Station spatiale internationale : un Russe, un Américain et un Européen. Ils portent tous la même combinaison Sokol. Ici prêtes à l’emploi, elles semblent comme mortes. Images fragiles de nos enveloppes terrestres… Comme une vanité spatiale.

À Baïkonour, la veille du décollage, je suis allée au milieu de la nuit voir la sortie de la fusée du hangar, qu’on amène en train jusqu’au pas de tir. Il y a quelque chose de religieux dans cette cérémonie. C’est la première fois que je voyais une fusée. Elle m’est apparue comme un immense jouet un peu irréel, surveillé par des gardes russes avec leurs chiens.

Même les astronautes et les cosmonautes doivent avoir un ticket de parking. À la Nasa, ils ont leurs places réservées, leur espace désigné. Trivialité et banalité de ces quelques mètres ­carrés sur Terre où ils doivent se ranger, encore loin des étoiles et du vide ­cosmique.

J’ai rencontré pour la première fois Thomas Pesquet au Kazakhstan. Il ­donnait une interview au milieu de la steppe, un paysage déjà lunaire. C’était un an avant son décollage. Il n’était à l’époque que doublure de l’astronaute qui partait ce soir-là. Mais il était déjà ailleurs, comme un acteur le soir de la ­générale.

J’ai demandé à des femmes astronautes de m’envoyer des photos d’elles et de leurs enfants. J’aime les mains de Cady Coleman, qui travaille à la Nasa. Affublées de ses gants gigantesques, elles ont l’air à la fois protectrices et ­monstrueuses.

 

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