Marcher sous un ciel rose nacré couleur coquillage, entendre le crissement étouffé de ses pas dans le sol poudreux, balayer d’un revers de moufle la très fine poussière rouge déposée sur la visière de son scaphandre, entendre le sifflement du vent dans des fréquences étonnamment graves, rejoindre au couchant sa base à grandes enjambées élastiques et la nuit tombée, s’émerveiller en regardant les deux petites lunes Phobos et Démos se croiser à vive allure dans le ciel étoilé. Bienvenue sur Mars, terre promise par Nixon, qui n’a vu débarquer en cinquante ans que quatre robots, téléguidés depuis le centre opérationnel du JPL (Jet Propulsion Laboratory) à Pasadena en Californie. Et pourtant, l’odyssée humaine n’y a rien d’impossible sur le plan des lois de la physique. Simplement, le nombre d’obstacles à surmonter pour y parvenir est vertigineux, tant au niveau du décollage que du voyage interplanétaire, de l’atterrissage sur Mars, du séjour forcé de deux ans minimum et du retour sur Terre. Cette séquence d’événements se déroulera au minimum sur trois années durant lesquelles les astronautes auront à vivre ensemble dans des espaces confinés et des milieux on ne peut plus hostiles, sans échappatoire possible, loin, très loin de la Terre. Un autre frein tient à la volonté politique. Le voyage piloté vers Mars est l’objectif – avoué ou inavoué – de toutes les grandes puissances spatiales : les États-Unis, l’Europe, la Chine et la Russie. Quand aura lieu cette aventure ? L’échéance avance puis recule, au fil des budgets, des crises, des changements de gouvernements et d’objectifs industriels et techniques.

Au-delà de l’exploration de nouveaux mondes, des défis technologiques que cela suppose, quels peuvent être les motifs d’une telle aventure ? Depuis la fin des années 1990, l’avènement des astromobiles a permis aux premiers géologues de terrain robotisés d’arpenter le sol de la Planète rouge. Le dernier d’entre eux, Curiosity, arrivé en 2012, n’a parcouru que 20 

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