On y revient toujours. Les frères Lumière contre Georges Méliès, le documentaire contre l’imaginaire. Dès la naissance du cinéma, en 1895, ces deux genres de récit s’opposent, et aujourd’hui encore, même s’ils ont trouvé une façon de vivre ensemble. Quand les opérateurs Lumière arpentent le monde pour en raconter les faits et gestes, Georges Méliès, lui, fabrique des images qui nourrissent les rêves, parfois les cauchemars. La science-fiction – et plus encore le corpus « films de l’espace » qui s’y rattache – n’a cessé de dessiner cette médaille et son revers (sans préciser ce qui est l’endroit et ce qui est l’envers) : allier la rigueur scientifique et les fantasmes de la fiction, les découvertes technologiques et la peur de l’inconnu.

Et que croyez-vous qu’il arriva ? Ce fut Georges Méliès qui gagna. En 1902, inspiré par Jules Verne, il tourne Le Voyage dans la Lune,qui met en scène le professeur Barbenfouillis (effectivement, sa barbe est en fouillis). Seize minutes de bonheur. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour le cinéma. S’il faut insister sur ces origines, c’est pour dire qu’à l’heure où le monde était occupé à s’industrialiser et où le voyage dans l’espace était loin d’être effectif, l’imaginaire précédait, comme souvent, la raison ; Gaston Bachelard n’avait pas encore défini ses « rêveries de la volonté » que le cinéma en dessinait déjà les prémices. Après Méliès, d’autres cinéastes « primitifs » ont raconté l’espace, mais il faudra attendre l’après-guerre pour que le cinéma s’y replonge avec force – Desti

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