Nichée au creux des parcs naturels régionaux des Volcans d’Auvergne et de Millevaches, la communauté de communes de Chavanon Combrailles et Volcans est une terre de forêts : sa surface forestière occupe environ 37 % du sol et compte de nombreuses essences indigènes dont des hêtres, des chênes, des épicéas… On trouve six scieries dans cette communauté de communes. Face aux crises à venir, qu’elles soient climatiques, énergétiques, économiques, quel va être le rôle d’un tel territoire ? Comment protéger ces sols forestiers et les adapter aux défis futurs ?
Se pose d’abord la question des essences. Aujourd’hui, dans la région, on trouve beaucoup de sapins de Douglas, une essence importée d’Amérique, très pratique à utiliser, mais qui a tendance à asphyxier les sols. Elle est également souvent cultivée en monoculture, ce qui fragilise également ces derniers. D’autres essences, comme l’épicéa, sont de plus en plus sujettes aux épidémies de scolytes, ces insectes qui creusent des galeries sous l’écorce pour y déposer leurs œufs. Avec les variations climatiques qui s’annoncent, il est primordial d’adapter les essences d’arbre. Certains forestiers testent déjà des essences exotiques, comme le Cèdre de l’Atlas, avec divers degrés de réussite à cause du climat de moyenne montagne, car cette essence ne supporte pas les variations brutales de température. D’autres forestiers pratiquent la gestion différenciée, en cultivant sur une même parcelle plusieurs essences, constituant alors des refuges pour la biodiversité.
Mais, lorsque la ressource bois est destinée au secteur de la construction, il faut garder trois éléments en tête : les vulnérabilités de l’écosystème des forêts, l’accélération des crises (climatiques, énergétiques, géopolitiques) et l’interdépendance des flux de bois avec ceux d’autres matières. La filière bois nécessite de la ressource en eau, des apports énergétiques pour transformer la matière ou encore des éléments nutritifs pour l’écosystème des sols forestiers. Ainsi, nous adoptons une approche plus « circulaire » qui prend en compte le « métabolisme rural », c’est-à-dire l’ensemble des flux de matière et d’énergie mis en jeu dans le fonctionnement d’un système territorial donné.
Dans le cas de Chavanon Combrailles et Volcans, la réhabilitation thermique des bâtiments constitue un véritable enjeu territorial : comment associer cette filière bois, dont près de 80 % de la production est exportée hors du territoire, à l’adaptation du patrimoine bâti local, à la réhabilitation énergétique des logements ? Comment valoriser ces sols forestiers d’une manière qui profite directement au territoire ? Les centres-bourgs disposent en effet de nombreux logements inhabités mais aussi mal isolés. Notre projet vise donc à mobiliser des acteurs de terrain, habitants, forestiers, acteurs associatifs, et des chercheurs dans une démarche participative pour valoriser tant les sols forestiers que le bâti urbain, et utiliser les ressources locales pour rénover plutôt que d’artificialiser de nouvelles surfaces en construisant des logements.
Conversation avec E.F.