Plus écolo que moi, tu meurs… Avec un zèle de nouveaux convertis, les responsables politiques de tous bords ne peuvent plus ouvrir la bouche sans parler d’environnement. La France entière semble avoir embrassé la religion verte. Surtout verbalement, à vrai dire, car cette jeune Église compte des millions de non-pratiquants qui jettent encore des bouteilles ou du papier dans leur poubelle grise et des épluchures ou des sacs plastique dans leur poubelle jaune.

Un bon missionnaire donne l’exemple. Son prosélytisme ne saurait se réduire à la récitation de formules pieuses. Toujours est-il que les gaz à effet de serre envahissent le vocabulaire. Le préfixe « éco » s’est détourné de l’économie pour épouser l’écologisme. On reconnaît l’écocitoyen à ses écogestes dans tous les domaines, de l’écotourisme à l’éco-emballage (le trait d’union s’imposant quand deux voyelles se touchent). Ce préfixe a été adopté par diverses chapelles, comme l’écoféminisme ou l’écosyndicalisme, de préférence à d’autres, plus négatifs, comme anti(nucléaire) ou dé(croissance). 

Cela dit, ces trois lettres ne trouvent aucun écho dans certains cercles, sinon pour être détournées : par exemple, les animalistes qui s’en prennent aux boucheries sont qualifiés d’écoterroristes. Et l’on peut se demander jusqu’où ira l’écoculpabilité de nos écocompatriotes : au rythme où évolue le vocabulaire, on parlera bientôt d’écopollution. 

Il y a encore du chemin à faire. C’est une longue marche. Quand la France s’éveillera… Du fond de nos campagnes surgira un grand écococorico. 

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