Capitalisme : est-il compatible avec l’écologie ?
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En 1972, la publication du rapport Meadows, traduit sous le titre Les Limites à la croissance, jette un pavé dans la mare. Commanditée par le Club de Rome et préparée par des chercheurs du Massachussetts Institute of Technology (MIT), l’étude pointe sans ambiguïté les limites d’un modèle économique fondé sur la croissance illimitée du PIB. Pour ces scientifiques, la croissance économique est inconciliable avec la protection de l’environnement. Il faut donc en finir avec un système d’exploitation indéfinie de ressources finies.
Institutions internationales et États, en quête de solutions alternatives, tentent d’intégrer les préoccupations écologistes au sein des modèles économiques dominants. Confiants dans la capacité de l’économie de marché à faire face au défi, ils encouragent le développement d’un « capitalisme vert », le plus souvent encadré et orienté par la puissance publique. En 1987, une commission de l’ONU publie le rapport Brundtland qui officialise le concept de « développement durable » et le définit comme « un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».
Dans les cercles écologistes, la doctrine ne fait pas l’unanimité. Les écosocialistes, dont le courant de pensée naît au milieu des années 1970 sur les bases d’un marxisme revisité, s’y opposent catégoriquement. Incarné par des penseurs comme André Gorz ou Michael Löwy, il réunit dans un même combat protection de l’environnement et lutte pour une plus grande justice sociale. Selon les propres mots de Löwy : « L’écosocialisme a pour objet de fournir une alternative de civilisation radicale à ce que Marx appelait “le progrès destructif” du capitalisme. C’est un choix qui propose une politique économique visant les besoins sociaux et l’équilibre écologique, et donc fondée sur des critères non monétaires et extra-économiques. » L’écosocialisme, fondamentalement anticonsumériste, inspire des mouvements politiques comme le Parti de gauche.
Mais un courant, préparé par des penseurs comme Nicholas Georgescu-Roegen, veut aller plus loin encore. Revendiquant un slogan provocateur – la décroissance –, il entend s’attaquer à plus profond que le capitalisme : l’économisme, la religion de l’économie, qui touche aussi bien le socialisme. L’idée ? Non pas renverser la croissance positive en croissance négative, mais rompre avec la logique qui préfère systématiquement l’une à l’autre. Produire, oui, mais sans verser dans le productivisme. Ce concept étant rarement bien compris et souvent jugé trop négatif, certains de ses partisans, comme Serge Latouche ou Alain Caillé, aiment donner une idée du bouleversement qu’il impliquerait en parlant de « simplicité volontaire », de « sobriété heureuse » ou de « convivialisme » – des idées chères à leur inspirateur, Ivan Illich.
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