Silence !
Et le silence aussi se tait.
Et on écrase survivants et défunts,
troupeaux vallées montagnes et plaines,
sous un toit de chars autocanons
mitraillettes lance-flammes à grenades
et soldats assistés de forces auxiliaires,
couverture de balles et de canons,
nuées d’hélicoptères,
mirages drones rafales
gringos frankaouis.
Aujourd’hui dans les cieux
du Sahara et du Sahel,
il n’y a plus de corbeau ni de vautour,
seulement des drones et des rafales.

Avant-hier, Azawad,
tu étais le cobaye des tirs atomiques.
À présent, on te lapide par les bombes
obus flèches de ton uranium d’Arlit
appauvri en terreur.
Terreur qui anéantit non seulement
les « vilains-islamistes-terroristes »
dans une mort affreuse
en les calcinant et les pulvérisant,
mais qui carbonise aussi tout semblant
de forme vivante qui a osé
au Sahara continuer à respirer.

Extrait de Dans la nasse, traduit du tamajaght par Hélène Claudot-Hawad
© Non Lieu, 2014

 

Dans la nasse paraît en 2014, deux ans après le soulèvement touareg contre l’État du Mali. Le peintre et poète Hawad y interpelle Azawad, un personnage nommé d’après les terres revendiquées. Résistant par une langue de fureur à la disparition de son peuple et de sa culture, il dénonce le diktat de l’uranium et du code-barres. 

 

 

 

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