L’OPÉRATION Barkhane a été lancée le 1er août 2014 par l’armée française pour combattre les groupes djihadistes au Sahel. Elle a remplacé l’opération Serval. Comme nul ne l’ignore, le serval est une sorte de gros chat sauvage qui chasse la nuit dans la savane africaine. Mais barkhane ? On ne connaît que bardane, barcasse, barbacane… Même les militaires, qui ont du vocabulaire, ne fréquentent que des mots voisins : barda, barbelé, barricade, baroud, baraqué… Le logo de l’opération nous éclaire cependant : la barkhane est une dune mobile en forme de croissant, modelée par les vents. Un logo plus paisible que le précédent, qui était dominé par un félin menaçant.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Américains baptisent chacune de leurs opérations militaires. Mais ce qui était au départ un nom de code secret est devenu un outil de communication. Si en plein maccarthysme, le combat en Corée s’intitulait Ratkiller (« tueur de rats »), la libération du Koweït devait être baptisée plus finement Desert Storm (« tempête du désert »).

La France s’y est mise elle aussi, avec les missions Épervier (Tchad, 1986), Salamandre (ex-Yougoslavie, 1996) ou Azalée (Comores, 1995). Mais il ne faut pas croire que ces noms surgissent par hasard, entre la poire et le fromage, dans le brouhaha d’un mess d’officiers. Le Centre de planification et de la conduite des opérations étudie soigneusement les termes les plus appropriés, et c’est le président de la République qui tranche en dernier ressort pour les missions les plus importantes.

En 2013, on était intervenu en Centrafrique sous la bannière Sangaris. L’opération a été moins légère et moins éphémère que ce papillon local… En choisissant « barkhane », l’armée française espérait sans doute avoir la baraka. 

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