« L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux. » C’est avec ces vers de Voltaire, lus par Talma lors de l’entrevue d’Efurt en 1808, que Napoléon fit célébrer la paix de Tilsit signée avec le tsar Alexandre Ier un an auparavant sur un radeau au milieu du fleuve Niémen. Las, sept ans après celle-ci, l’empereur russe était à Paris avec l’armée victorieuse des coalisés. Napoléon, défait, s’était retiré à l’île d’Elbe. Entre chefs d’État, il n’existe pas d’amitié éternelle, juste des alliances de circonstance.

L’évocation des mœurs diplomatiques de l’Europe du début du XIXe siècle peut-elle servir de clé de lecture pour comprendre l’avenir des relations entre la Chine et la Russie deux siècles plus tard ? Ou bien cette interprétation fait-elle preuve d’un cynisme anachronique ? La réponse est moins claire qu’il n’y paraît. Quelques jours avant la date fatidique du 24 février 2022, Xi et Poutine, à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver à Pékin, déclaraient la profondeur de leur amitié éternelle. Au-delà de la proximité de leurs visions du monde, les deux hommes s’appréciaient personnellement et entendaient le faire savoir. Ils partageaient une même conviction : les démocraties libérales classiques à l’occidentale étaient condamnées à l’obsolescence. L’avenir appartenait aux régimes autoritaires.

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