Le régime russe frappe les opinions occidentales par son degré élevé d’idéologisation, mais la manière dont celle-ci est produite est complexe. Il existe plusieurs écosystèmes idéologiques au sein du Kremlin, financés par différents groupes de pression, chacun avançant ses thèmes fétiches dans l’espoir de les voir repris au plus haut niveau. On constate, en outre, un va-et-vient permanent entre des mouvements et des figures produisant des idées et les cercles du pouvoir qui les instrumentalisent. Ainsi, ce que les médias occidentaux tendent à présenter comme des sources d’inspiration du Kremlin ne sont bien souvent que des chambres de résonance en charge de la mise en scène discursive de directions stratégiques prises en haut lieu. On connaît ainsi les travaux du fameux géopolitologue fasciste Alexandre Douguine (l’homme dont la fille a été assassinée le 20 août dans un attentat à la voiture piégée dont les auteurs restent inconnus), mais on a longtemps ignoré des figures politiquement plus influentes, par exemple Sergueï Karaganov, qui dirige le Conseil de politique étrangère et de défense, ou des institutions comme la Société historico-militaire, qui ont généré beaucoup d’idées servant à justifier la guerre actuelle, notamment la réactualisation de la lutte contre le « fascisme » venu d’Occident.

Hors des cercles du Kremlin, la production nationaliste se décline autour de plusieurs mouvances. Schématiquement :

1) des eurasistes, pour qui la Russie est une civilisation eurasienne, multinationale et multireligieuse ;

2) des ethnonationalistes, pour qui les Russes ethniques ont été les victimes de l’expérience soviétique et sont aujourd’hui vi

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