Il n'est pas interdit à un lecteur du 1, découvrant un numéro consacré à l’humour, d’être plié de rire… Mais nous sommes ici pour nous cultiver, pas pour nous bidonner. 

L’humour passe pour une spécialité britannique. Rien ne dit cependant qu’il a été inventé par la Perfide Albion. Est-on sûr que messieurs les Anglais ont tiré les premiers ? 

Tout a commencé par les humeurs. Hippocrate et les médecins de l’Antiquité étaient persuadés que le corps humain contenait quatre fluides dont l’importance définissait le caractère des individus : le sang faisait des sanguins ; la lymphe, des lymphatiques ; la bile jaune, des bilieux ; et la bile noire, des atrabilaires ou mélancoliques. 

Mais, dans l’ancien français, humeur perdait déjà son sens médical pour exprimer la facétie, le penchant à la plaisanterie. Les Anglais l’ont emprunté et transformé en humour. Et c’est sous cette forme qu’il a regagné la France. Ces allées et venues n’avaient pas attendu le percement du tunnel sous la Manche ! Passant d’une langue à l’autre, les deux mots ont évolué, et fini par s’opposer. À partir du XVIIe siècle, humour a signifié « disposition à la gaieté », tandis qu’humeur ne conservait plus que le sens de « disposition à l’irritation ». 

Entre Winston Churchill et le général de Gaulle, il y avait visiblement une incompatibilité d’humeur. La Seconde Guerre mondiale aura aussi été, dans la capitale britannique, un échange de piques. Un jour, voyant Churchill s’avancer en costume de dandy, de Gaulle a demandé si c’était « le carnaval de Londres ». Réplique du Vieux Lion : « Tout le monde ne peut pas s’habiller en soldat inconnu ! » 

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