C’est l’histoire d’un regard qui bascule. Une manière de voir le monde qui devient plus riche et plus fine.

Je pourrais dire : c’est cette corrida en Camargue, lorsque vient un taureau jugé trop faible pour combattre, que les picadors essaient de faire rentrer dans le toril, et comme il ne veut pas, comme le stress l’empêche de comprendre ce qu’on attend de lui, au bout de cinq minutes on lui porte l’estocade, le sang jaillit très rouge, on tire vers la sortie son corps agonisant, il n’avait qu’à être moins faible ou comprendre plus vite.

Je pourrais dire : c’est en Indonésie, lors de cet enterrement au pays toraja. Là-bas, on sacrifie quand quelqu’un meurt une vingtaine de cochons, cinq ou six buffles, parce que ces animaux aideront l’âme du défunt à gagner l’au-delà, et plus prosaïquement pour nourrir l’assistance. Je vois égorgé puis dépecé le buffle dont la viande m’est proposée deux heures plus tard, et je me rends compte que je n’en ai pas envie, que j’aurais de loin préféré le voir rester vivant. C’est se dir

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