Intarrisable sur le « déclin français », l’essayiste libéral Nicolas Baverez ne cesse de sonner le tocsin depuis des années. Sous sa plume, les métaphores, exprimées ou suggérées, se bousculent. La dette s’envole, répète-t-il, tout en constatant que la France est écrasée sous son poids. Une France qui, à force de vivre au-dessus de ses moyens, serait déjà en dessous de la ligne de flottaison. « Cessons de creuser le trou de la dette », a écrit Baverez dans Le Figaro, avant d’affirmer dans Le Point que « la France se prépare méthodiquement à se fracasser sur le mur de la dette ». Un trou ou un mur ? La métaphore est filée dans les deux sens, un point à l’endroit, un point à l’envers, sans doute en raison de la gravité de l’affaire. 

Mais l’État n’a pas le monopole de l’endettement. C’est aussi un tourment pour nombre de particuliers. « Qui paye ses dettes s’enrichit », dit le proverbe. Allez en convaincre un entrepreneur en faillite, harcelé par ses créanciers ! Le malheureux n’a que faire d’un enrichissement moral : son souci, dans l’immédiat, n’est pas d’alléger sa conscience, mais de grossir son portefeuille. Balzac, qui jetait l’argent par les fenêtres et passait son temps à fuir les huissiers, écrivait plutôt : « Qui perd ses dettes s’enrichit. »

Dans les relations humaines, la question se pose tout autrement. On a du mal à accepter un cadeau (« Fallait pas ! »). « Rendre » une étrenne ou une invitation à dîner apparaît comme une nécessité, comme s’il fallait absolument effacer ce que l’on vient de recevoir. Il ne s’agit pourtant pas d’annuler une dette, mais d’accueillir un don. Laissons à l’autre le plaisir de nous faire plaisir. Lui dire simplement un vrai merci. Au lieu d’être un fardeau, la dette devient alors une richesse, un délice. 

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