« Vous avez pillé le pays, bande de voleurs ! » criaient le 8 mars à Alger des manifestants bloqués par la police devant la Grande Poste, tandis que d’autres, sur la place, conspuaient l’ex-chef du gouvernement – « Ouyahia, voleur ! » – ou hurlaient : « Y’en a marre du gouvernement des gangs ! » Des millions d’Algériens en sont convaincus : ministres, walis (préfets), affairistes, généraux et barbouzes constituent une mafia corrompue qui a prospéré au-delà du raisonnable durant les vingt ans de présidence d’Abdelaziz Bouteflika. 

Où est passé l’argent du pétrole ? Sur les 800 milliards de dollars qu’ont rapportés les hydrocarbures exportés au cours de la « décennie glorieuse » (2002-2013), la génération d’après l’indépendance a le sentiment de n’avoir touché que des miettes : la farine, le sucre et l’huile sont subventionnés, mais souvent introuvables en dehors du secteur informel et de ses combines peu respectueuses de la réglementation des prix. Des millions de logements auraient été construits mais perdus dans les terrains vagues des faubourgs loin des centres-villes, sans transports en commun, sans équipements sociaux ni système d’assainissement. Le taux de scolarité approche des 100 % dans le primaire, mais les écoles sont souvent en grève et les enfants sous la férule de maîtres qui leur imposent des cours particuliers onéreux pour arrondir leurs fins de mois. L’électricité et l’eau sont bon marché, mais les coupures fréquentes et la qualité médiocre. 

« Je ne

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