Le 17 février 1955, à l’Olympia, Gilbert Bécaud déchaîne un tel enthousiasme que des spectateurs se mettent à briser des sièges. Cela lui vaut le surnom de « Monsieur 100 000 volts ». Un chiffre rond, lancé au hasard, à une époque où personne ne parle de réchauffement climatique. Aujourd’hui, on compte. Il paraît qu’un être humain est en mesure de produire quotidiennement autant d’énergie qu’un panneau solaire d’un mètre carré. Pas de quoi illuminer les Champs-Élysées à Noël… En 2015, il a fallu deux minutes de pédalage intensif au champion cycliste allemand Robert Förstemann pour allumer un grille-pain. 43 000 Robert seraient nécessaires pour faire voler un avion.

En pleine urgence climatique, on a besoin de citoyens rayonnants

Chacun de nous fabrique de l’énergie, généralement sans y penser, ou même, comme Monsieur Jourdain, sans le savoir. Autant faire un bon usage, thermique ou mécanique, de cette « source d’électricité 100 % humaine ». Ainsi, la gare de Stockholm récupère la chaleur produite par les quelque 250 000 voyageurs qui s’y pressent tous les jours, tandis que le campus universitaire d’Utrecht se propose d’alimenter en électricité un immeuble de 22 étages grâce à l’activité, sportive ou autre, des 750 étudiants qui y résideront.

Dans nos villes, des vélos de plus en plus nombreux circulent à la seule force des muscles. L’énergie humaine a le mérite d’être inépuisable et, à la différence du solaire ou de l’éolien, disponible par tous les temps. Qui plus est, son potentiel ne cesse d’augmenter en proportion de l’accroissement démographique. Contrairement aux piles Wonder, elle ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Un rétropédalage serait inacceptable. En pleine urgence climatique, on a besoin de citoyens rayonnants, capables de recharger leurs batteries, mais pas avec l’énergie du désespoir. 

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