1 – J’avais quinze ans et j’étais comme fou : indigné, blessé, torturé par cette Rue Montorgueil peinte par Claude Monet un jour de 14 Juillet. Une telle débauche tricolore sous le pinceau de mon peintre préféré, un pareil foisonnement de cocardes et de drapeaux tourmentait le jeune mondialiste que j’étais (fréquentant au lycée des camarades trotskistes ou maoïstes qui voyaient dans la nation l’abomination même, avec son armée toujours prête à déclencher le fameux « coup d’État fasciste »). Je haïssais le drapeau mais, curieusement, tout ce que j’aimais, tout ce qui m’enchantait et rendait ma vie meilleure avait déjà, sans que je m’en rende compte, un caractère profondément français : les paysages de Monet, les harmonies de Debussy et Ravel, les comédies de Molière ou de Marcel Aymé, la poésie de Verlaine ou de Mallarmé…

2 – Même par la suite je n’ai jamais eu la passion du drapeau. Les mo

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