« Le souverainisme, c’est le nationalisme »
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Comment définiriez-vous le souverainisme ?
Le souverainisme n’est pas une nouveauté. Ce n’est rien d’autre que du nationalisme. On peut même penser aujourd’hui qu’il est là pour dissimuler le nationalisme. Quand on s’intéresse, comme c’est mon cas, au point de vue du citoyen, on débat sans cesse de savoir si l’appartenance à une nation, à une communauté nationale, est une nécessité pour les individus. Comme de nombreux chercheurs qui étudient le nationalisme, je pense que non. Le nationalisme est un phénomène politique, une idéologie universelle. La distinction qu’on a entretenue entre le patriotisme et le nationalisme est ce qui a permis de perpétuer le nationalisme, malgré l’évidence, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, qu’il est une très mauvaise chose.
De quelle façon ?
Scientifiquement, il n’existe pas de différence fondamentale entre patriotisme et nationalisme. Le patriotisme est la version politiquement correcte du nationalisme. Tout le monde ou presque est patriote, au sens où il est normal de se sentir appartenir à son pays, ça semble même naturel. Le nationalisme est la version revendiquée du patriotisme : on est fier de sa nation, on pense qu’il est mieux d’être d’ici que d’ailleurs. Et c’est au cœur du nationalisme qu’on trouve la définition du souverainisme.
Comment cela ?
La politologue Justine Lacroix estime que l’idée centrale du souverainisme est qu’on ne peut pas dissocier l’exercice de l’autonomie démocratique de son ancrage national historique. Or les travaux de l’historien Ernest Gellner, qui font autorité sur la genèse des nations, l’ont bien mis en lumière : le nationalisme, c’est l’idée que l’unité nationale et l’unité politique doivent être congruentes. Le débat porte sur ce qui définit l’unité nationale. Peut-elle être civique, construite autour de valeurs morales et de principes juridiques ? Ou est-elle nécessairement de nature historique, culturelle, voire ethnique ? La théorie du nationalisme banal, développée par le psychologue socia
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