Henry Longfellow - La dame à la lampe
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Les échos de la grande armée des morts,
La tranchée froide, humide,
Le camp glacé, livide.
Les blessés à la guerre qu’on amène
Aux sinistres hôpitaux de la peine,
Les couloirs sans la joie,
Le sol en pierre froid.
Je vois dans cette maison de misère
Une dame qui passe et qui éclaire
De sa lampe les ombres
De chacune des chambres.
Et celui qui souffre en silence embrasse,
En se retournant lentement, la trace
Du rêve qui s’éloigne
Sur les murs qui s’éteignent.
Comme une porte ouverte au paradis,
Puis claquée, la vision qui a surgi
Sitôt s’en est allée.
La flamme est consumée.
Dans la chronique anglaise, à l’avenir
Lumineux de son chant et de ses dires,
Ses rayons vont briller
Des portails du passé.
La dame à la lampe aura établi
Dans la grande histoire de ce pays,
Une image du bien
Héros et féminin.
En 1854, Pasteur n’a pas encore découvert les microbes. Et les soldats meurent de l’insalubrité des hôpitaux autant que de leurs blessures. Comme durant la guerre de Crimée, à laquelle participe l’armée anglaise. Et où Florence Nightingale se fait envoyer avec d’autres volontaires. Issue d’une famille aisée, l’infirmière s’est opposée à son milieu pour accomplir sa vocation. En Crimée, elle met en place des règles d’hygiène et révolutionne l’administration des hôpitaux. Devenue célèbre, elle multiplie les écrits sanitaires et crée la première école d’infirmières. Jusqu’à incarner la compassion pour une postérité qui la surnommera « la Dame à la lampe ». L’expression est tirée d’un poème de Longfellow, paru en 1857 sous le titre Santa Filomena. L’essentiel de ses vers sont traduits ci-dessus en décasyllabes et hexasyllabes rimés. Le poète américain est un écrivain romantique, connu notamment pour sa peinture des Indiens d’Amérique, qui a influencé le Baudelaire du Calumet de paix. En identifiant Florence Nightingale à sa lumière, il insiste moins sur les soins médicaux que sur le répit qu’elle procure aux soldats plongés dans la nuit sans fin de la souffrance. Tant le travail infirmier n’est pas stérilement mécanique mais lié à l’humanité des corps. Rendons-nous compte du danger d’infliger fatigue et mépris à ceux qui nous veillent. Qui voudrait être traité en machine ? Soyons égoïstes. Aidons le personnel soignant.
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