On ne devient pas infirmière par hasard. On obéit à une vocation – le goût de secourir, de soulager, d’offrir son attention à l’autre. Pas n’importe quel autre. L’autre souffrant, diminué, en fin de parcours parfois, en attente des gestes qui vont le maintenir parmi les humains, parmi les vivants. Une fois le médecin parti, c’est l’infirmière qui reste. Dans un service de l’hôpital, de jour comme de nuit. Mais aussi chez le malade. C’est elle qu’il espère, dont il guette le coup de sonnette. Les seuls mots qu’il échangera dans la journée, ce sera avec elle. L’infirmière soigne, écoute, parle, rompt la solitude, remonte le moral en même temps que l’oreiller.

Ces infirmières libérales qui sillonnent villes et campagnes à un rythme effréné n’exercent pas leur mission pour l’argent. Est-ce une raison pour les payer si mal ? Leur barème de rémunération est en soi un scandale, l’expression d’un mépris social. Le sait-on ? Changer un pansement de trachéotomie, avec aspiration et changement éventuel de canule, est facturé 7,09 euros l’acte. Un deuxième acte est facturé moitié moins. Et si d’autres interventions s’avèrent encore nécessaires, injections ou autres, elles seront gratuites, pour la beauté du geste secourable. Ajoutons que le tarif d’un pansement est dégressif selon le nombre de centimètres carrés qu’il occupe sur la peau du malade. Les actes médicaux infirmiers, connus sous le sigle d’AMI, sont vraiment de faux amis qui cachent une réalité : la non-assistance à infirmières en danger. 

 

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