De toutes les institutions, les services publics sont, et de loin, celles en qui les Français ont le plus confiance, bien avant les grandes entreprises privées et surtout bien avant les institutions politiques.

Le Baromètre de la confiance politique du Cevipof, lancé en 2009, nous donne une image assez précise de cette confiance, qui varie beaucoup selon les services publics. En 2022, la proportion moyenne d’enquêtés ayant confiance dans l’hôpital public est de 82 %, malgré toutes les vicissitudes de la crise sanitaire. Suivent l’armée (75 %), l’école (74 %), la Sécurité sociale (74 %) et la police (72 %), alors même que cette dernière a fait l’objet de nombreuses critiques autant durant la crise des Gilets jaunes qu’à la suite d’interpellations dramatiques. Seule la justice obtient un mauvais résultat (46 %).

Cette confiance globale dans les services publics n’est pas garantie sur le long terme

Par comparaison, la seule autorité politique sur laquelle se porte la confiance des Français, ce sont les maires (65 %), bien avant les conseillers départementaux ou les conseillers régionaux (51 %), les députés (46 %) ou les députés européens (36 %) que personne, du reste, ne connaît. La confiance accordée aux autorités exécutives nationales dépend étroitement, quant à elle, des choix électoraux, ce qui explique le niveau assez bas de confiance accordée au président de la République, même après sa réélection de 2022 (43 % lui font confiance, dont 9 % qui lui font « tout à fait confiance »).

Cette confiance globale dans les services publics n’est cependant pas garantie sur le long terme. La police, par exemple, a vu ses niveaux de confiance fluctuer considérablement suivant le contexte, passant ainsi de 69 % fin 2014 à 80 % en février 2015, juste après les attentats islamistes. Par ailleurs, cette distribution moyenne ne doit pas cacher des variations fortes selon les générations, les catégories sociales et les choix politiques. La confiance dans la justice passe de 43 % dans les catégories populaires à 57 % dans les catégories supérieures, celle dans la police va de 61 % chez les 18-24 ans à 86 % chez les 65 ans et plus, celle dans l’armée passe de 65 % chez les enquêtés se disant de gauche à 85 % chez ceux se disant de droite.

La confiance dans les services publics s’associe généralement à la satisfaction qu’éprouvent les usagers. En matière de satisfaction, on retrouve régulièrement en tête de classement le service des impôts, les services de santé, la police ou la gendarmerie, alors que la justice est là encore citée en dernier. Mais pour être satisfait ou confiant, il faut deux conditions sine qua non. La première est d’avoir un accès facile et rapide à ces services, ce qui devient de plus en plus rare en zone rurale du fait des regroupements opérés au nom des économies budgétaires. La seconde est de disposer de bons professionnels bien formés. L’honnêteté et le professionnalisme des agents publics en France ont toujours été reconnus jusqu’à présent, même si, du côté négatif, les usagers se sont souvent plaints des délais ou du manque d’information sur les dossiers. Mais les difficultés de recrutement, dans l’enseignement, à l’hôpital, la confusion de plus en plus grande entre les services publics et la privatisation d’une partie de leurs missions ou de leurs prestations, comme à La Poste, l’indifférenciation entre fonctionnaires et salariés du privé, une charge de travail excessive comme le comportement consumériste des usagers eux-mêmes pourraient bien faire changer la situation d’ici à quelques années. 

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