Travailler sur Robert Walser ? « I would prefer not to », aurait répondu Bartleby. Comme l’antihéros de Melville, le génial auteur suisse allemand fait partie des faux soumis, préférant la lenteur au labeur, les promenades aux bureaux clos. À l’époque de ce poème de jeunesse, il est secrétaire, employé de banque, commis… Des emplois quittés vite ; la vraie vie était ailleurs. 

Cependant qu’un tel jour 
limpide revenait en hâte, 
il déclara d’un ton calme, 
lent, et vraiment résolu : 
maintenant, il faut que ça change, 
je me jette au combat ; 
je veux aider comme tant d’autres
à ôter le mal du monde,
veux souffrir et marcher,
jusqu’à ce que le peuple soit libre.
Ne veux plus jamais, fatigué, m’étendre ;
il faut que quelque chose
arrive : là, une hésitation le prit,
un assoupissement : allons, laisse tomber.

Robert Walser, Au bureau : poèmes de 1909, traduit de l’allemand par Marion Graf
© Éditions Zoé, 2009

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