Simon attend le car du ramassage scolaire au bout du chemin de Fridières, en face du viaduc qui enjambe la Santoire derrière la maison d’Albert. C’est le matin du 15 avril et il se sent planté dans la beauté du monde comme une écharde sous un ongle. La beauté du monde, c’est sa mère qui cite Aragon au moins quinze fois par semaine depuis qu’ils sont venus habiter à Fridières ; l’écharde sous l’ongle, c’est une expression de son père. Il voudrait être ailleurs et il n’a pas le choix, pas encore ; à quatorze ans, on n’a pas le choix, on dépend des parents. Il les a suivis à Fridières, six habitants à l’année jusqu’en août 2020, neuf depuis leur arrivée, 963 mètres d’altitude, commune de Condat, Cantal, Auvergne, France, Europe, Monde.

Il est passé devant la maison d’Albert dont les volets sont fermés. On a toujours dit Albert et il n’avait découvert son nom de famille, Benech, que depuis qu’il avait commencé à l’aider pour les papiers. Albert appelait papiers tout ce qui relève des démarches administrati

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