Dimanche 25 mars, à 2 heures du matin, il sera 3 heures. Ce qui signifie, mécaniquement, que nous perdrons une heure de sommeil ce week-end – de quoi refroidir davantage encore nos organismes, qui sortent de l’hiver souvent exsangues : manque de lumière, températures en berne, maladies diverses contribuent à un sentiment de fatigue qui ne semble pas vouloir disparaître. Sans oublier le décalage horaire permanent que la France subit depuis 1940 : cette année-là, les horloges du pays furent avancées d’une heure, afin de les accorder avec celles de l’occupant allemand. Un héritage de Vichy qui n’a étrangement jamais été revu depuis et qui place la France dans une position quasi unique en Europe, avec un écart entre l’heure de nos montres et celle du soleil. Écart d’une heure en hiver, et qui grimpe à deux heures lorsqu’entre en vigueur cette fameuse heure d’été.

Dès 1784, Benjamin Franklin avait suggéré que la population se lève plus tôt lors des mois estivaux pour limiter l’usage des bougies. Mais il fallut attendre le déclenchement de la Première Guerre mondiale – et la nécessité d’économiser le précieux charbon – pour que la France expérimente le passage à l’heure d’été, à partir de 1916, avant d’y mettre fin en 1945. Réinstauré en 1976 pour contrer les effets du choc pétrolier et réduire (à nouveau) la facture énergétique, le système pourrait encore une fois être remis en cause dans les années à venir. Le 8 février dernier, le Parlement européen s’est en effet prononcé à une très large majorité en faveur d’une résolution visant à mettre fin au changement d’heure. En cause : les économies énergétiques réalisées seraient de plus en plus faibles, compte tenu notamment de l’optimisation de l’éclairage public. Les complications sanitaires dues à ce changement d’heure, en revanche, semblent davantage avérées : 20 % de la population estime avoir du mal à se « synchroniser » avec le nouvel horaire, à commencer par les enfants et les personnes âgées, tandis que les accidents de la route augmentent dangereusement dans les jours qui suivent. Perturbant le rythme biologique, l’heure d’été induirait « des troubles du sommeil, de la vigilance, des dépressions, des suicides et des infarctus », selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Un tableau inquiétant qui pourrait inciter l’Europe à rallier la Russie, la Chine, la Turquie ou encore l’Argentine, qui ont toutes abrogé le changement d’heure ces dernières années. Reste encore à convaincre la Commission européenne et les États membres de régler définitivement leur montre sur l’heure d’hiver. On pourra alors vraiment parler de changement d’ère. 

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