PHNOM PENH. Pour nombre de Cambodgiens, les journées de travail commencent souvent avant le lever du soleil. Quand la fatigue se fait sentir au cours de la journée, une courte sieste s’impose. N’importe où, et à n’importe quelle heure. Sa durée peut varier d’à peine quelques minutes à plusieurs heures.

Dans les rues de Phnom Penh, les dormeurs intriguent les étrangers, qui s’amusent à les photographier. Sur les trottoirs, les chauffeurs de motos-dop s’allongent sur la selle, les pieds croisés sur le guidon, les yeux fermés face au soleil. À l’arrière des camions-bennes qui traversent la ville vers leur prochaine destination, les ouvriers s’endorment profondément au milieu d’une cargaison de noix de coco ou de sacs de riz. Dans les nombreux marchés de la capitale, les femmes déploient leurs hamacs au-dessus des étals de légumes, de viande fraîche ou de poisson séché. Au Cambodge, ce large morceau de tissu est l’accessoire indispensable au sommeil des adultes et des enfants. Il se déploie partout, à la moindre occasion, pour rattraper le sommeil perdu. Les conducteurs de tuk-tuk les installent à l’intérieur de la cabine de leur véhicule pour y passer la nuit – car nombreux sont ceux qui habitent loin de la ville et rentrent chez eux uniquement le week-end – ou pour piquer du nez quelques minutes entre deux clients. Ces derniers savent qu’ils peuvent venir réveiller les endormis : dans l’espace public, le sommeil n’est ni honteux ni sacré. Mais quand vient l’heure de rentrer chez soi, dans la sphère privée, le sommeil se pare alors d’une autre aura. On chuchote pour ne pas réveiller ceux qui dorment.

Dans la campagne de Siem Reap, Sna, un chauffeur de tuk-tuk de 36 ans, a les mêmes soucis qu’en ville : des voisins qui festoient tardivement, un bébé qui braille toute la nuit… « Les médecins conseillent de dormir sept heures par nuit, explique-t-il, mais comme vous, on y parvient rarement. Alors on fait avec. La fatigue fait partie du quotidien. » 

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