Quand le coronavirus commence à ravager l’Alsace début mars, produire des masques au niveau local devient une nécessité. Dans la branche régionale de la Fondation de France, on pense vite à Nathalie Methia. Énergique et réactive, cette bientôt quinquagénaire est à la tête de La Petite Manchester, une « école-fabrique ». Cette association, qui a posé ses valises dans le lycée général et technologique Louis-Armand, à Mulhouse, se veut un pont entre l’Éducation nationale et l’industrie textile. Un parc de machines, de 200 mètres carrés, a été installé dans l’établissement pour former des jeunes, insérer des chômeurs mais aussi recycler les tissus en passe d’être jetés par les entreprises du secteur, ce qui en fait l’un des rares lycées en France, sinon le seul, à disposer d’un tel équipement.

 

L’arrivée du coronavirus oblige l’établissement à fermer ses portes et les machines ne servent plus. Pas pour longtemps : dès le 19 mars, à peine deux jours après l’instauration du confinement, l’équipe rassemblée par Nathalie Methia en fait sortir un premier masque. Des couturiers et des couturières prestataires sont venus prêter main-forte. Le tissu a été soigneusement sélectionné. Grâce à ses contacts dans l’industrie, cette professeure de formation a dégoté un matériau filtrant pour faire des masques de qualité se distinguant de ceux, en coton classique ou à trois couches, qui ont pu être confectionnés aux quatre coins de la France en suivant des tutoriels glanés sur Internet. « Nous voulions produire utile, précise Nathalie Methia, et pas que les masques s’entassent dans un carton parce que les gens ont trouvé mieux. » 6 000 masques par semaine sortent de l’école-fabrique fin mars, un nombre qui passe à 20 000 à la mi-juin. « S’installer dans un lycée peut faire amateur, conclut Nathalie Methia. Nous avons démontré que nous étions tout le contraire. » 

 

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