Plus de besoins d’un côté, moins de bras de l’autre. Le confinement a changé en quelques jours toute l’action de l’association Utopia56, qui vient en aide aux exilés partout en France. D’ordinaire, quelque 150 bénévoles sont mobilisés chaque jour et apportent de la nourriture, des tentes ou des sacs de couchage à Calais, Paris ou Rennes, et Utopia56 peut compter sur les autres associations présentes sur le terrain.

 

« Mais lorsque les frontières ont fermé, beaucoup d’associations anglaises présentes à Calais depuis 2011 et le début de la crise migratoire sont retournées au Royaume-Uni », explique Yann Manzi, cofondateur d’Utopia56. Le nombre de bénévoles de l’association a lui aussi diminué, entre les étudiants qui sont rentrés chez leurs parents pour fuir leurs appartements exigus, les stagiaires et les services civiques qui n’ont plus eu le droit de se rendre sur le terrain, et ceux qui, craignant pour leur santé, se sont désistés.

 

À Toulouse, l’antenne locale parvient tout de même à augmenter ses maraudes en diminuant le nombre de bénévoles participants. La règle d’or : toujours partir en binôme avec la même personne pour éviter d’éventuelles contaminations au sein de l’association. « Nous nous sommes aussi mis d’accord avec d’autres associations de la ville pour maintenir au moins trois maraudes chaque soir, une maraude médicale et deux maraudes alimentaires », détaille Anne Rodrigues, la coordinatrice.

 

Les habitudes changent par la force des choses. Alors que la petite association vivait chichement, sans faire aucun achat ou presque, elle est obligée de sortir le carnet de chèques pour acheter du matériel. La faute aux centres d’hébergement qui ont réduit la voilure en raison du confinement. « D’habitude nous essayons de doser nos dons de sacs de couchage ou de tentes, lance Yann Manzi. Là nous n’avons pas pu, il a fallu tout donner. » 

 

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