LE 1er MARS 2020, à Burton, dans le nord-ouest de l’Angleterre, un étudiant de 18 ans a été violemment heurté par une voiture. Atteint d’une lésion cérébrale, Joseph Flavill est tombé dans le coma. Trois semaines plus tard, le Royaume-Uni se confinait pour cause de Covid. Le jeune homme s’est finalement réveillé en janvier dernier, au bout de dix mois. Craignant de le traumatiser, on s’est bien gardé de lui révéler de but en blanc que le monde avait changé. Joseph Flavill a découvert peu à peu que bises et poignées de main sont interdites, que ses camarades ont été plongés dans une espèce de coma artificiel qui les empêche de se rendre en cours et de faire la fête.

« Sur les bancs de l’université, disait ce farceur de Pierre Dac, il faut bien que jeunesse se tasse. » Mais qui a envie de plaisanter aujourd’hui ? La détresse de certains étudiants est illustrée par un exercice inventé en Corée du Sud, le gongbang. Il faut bien l’orthographier pour ne pas tomber sur des travaux pratiques relevant de la pornographie. Cela consiste à se filmer chez soi en train de réviser ses cours pendant des heures, en le diffusant sur un réseau social. Voir les autres étudier, dans un silence à peine interrompu par le bruissement de pages tournées ou les murmures d’un clavier, rappelle l’ambiance feutrée des bibliothèques universitaires. Cette manière de rompre l’isolement est, paraît-il, très motivante.

Ce n’est malgré tout qu’un pis-aller. À quand le gong qui marquera le retour au « présentiel » ? Là, il faut se souvenir de l’enseignement du professeur Dac : « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. » 

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