Les ailes de la science
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Marie Curie nous regarde, insondable, depuis une large banderole jaune déployée au-dessus des quais de la gare de Lyon, à Paris : « Le combat continue. 150e anniversaire de Marie Curie. » Une grande campagne de levée de fonds a été lancée par l’Institut Curie pour développer des actions de pointe dans la lutte contre le cancer : elle vise à recueillir 21 millions d’euros d’ici 2021. Marie Curie n’aurait pas renié les moyens marketing mis en œuvre pour servir cette cause. Elle, si réservée, si désintéressée – et dont Albert Einstein disait : « Mme Curie est, de tous les êtres célèbres, le seul que la gloire n’ait pas corrompu » –, eh bien ! elle savait jouer de la communication quand il fallait obtenir de l’argent pour la science, des autorisations pour agir, des soutiens pour avancer.
Les grands chercheurs ont beaucoup en commun avec les grands artistes. Quand les autres mortels se contentent dans le meilleur des cas de faire fructifier l’existant, eux s’emparent de l’inconnu pour le féconder. Marie Curie, née Sklodowska, a été de cette trempe-là. Pionnière au milieu des pionniers, elle a été reconnue par les découvreurs de la physique et de la chimie modernes. A-t-elle pour autant inauguré un siècle de science au féminin ? Oui et non. Oui, parce que des femmes sont présentes partout dans la science de haut niveau. Non, parce que les femmes sont encore peu nombreuses à choisir les études scientifiques. Aucune étude n’a prouvé que les filles avaient des aptitudes moindres en maths ou en sciences. En revanche, il a été démontré qu’elles intègrent facilement les discours décourageants. Il y a quelques années, une étude américaine avait sélectionné une série de classes de lycée : à un premier groupe était lu à la rentrée un texte parlant de la faiblesse des filles en sciences ; au second, un texte montrant l’excellence des filles en sciences ; à un troisième groupe, un texte neutre sur les sciences. Quelques années après, constat sans appel : les filles du groupe 1 avaient été beaucoup moins nombreuses à s’engager dans des études de sciences que celles du groupe 2 et du groupe 3.
Chez les Sklodowski, dans la Varsovie des années 1870-1880, nul n’émit jamais le moindre doute sur les capacités scientifiques des filles. La géniale Marie rencontra bien des obstacles, mais ses ailes ne furent pas rognées.
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