Marie Curie, deux fois Prix Nobel, femme puissante ? Je dirais plutôt : femme souveraine. Avec elle, ni coup d’éclat ni coup de force. Une bûcheronne, pourrait-on dire, à condition qu’il existe des bûcheronnes romanesques. Jusqu’à sa mort, avec une ténacité exceptionnelle, elle a aspiré à travailler dans l’ombre et le silence, heureuse de ce silence et de cette ombre du moment qu’elle pouvait partager avec des êtres qu’elle aimait, et qui l’aimaient. Fin 1903, quand son mari et elle se voient décerner le Nobel de physique, l’hyper-célébrité la piège d’un jour à l’autre dans sa lumière cruelle. Timide, émotive, ultrasensible, d’une discrétion proche de l’agoraphobie, elle saisit le danger : « C’est le désastre de nos vies ! » dit-elle à Pierre Curie. Mais comment éviter la presse ? Sa force, alors, c’est de rester elle-même, simple et en retrait. Les journalistes attendent – ou espèrent – une « femme-cerveau », comme ils disent, asexuée, péremptoire. En somme un phénomène de foire. Marie, spontanément, sans calcul, les désarme. Ses fragilités se sont transformées en

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