États-Unis : un débat clivant
Temps de lecture : 3 minutes
Elizabeth Warren, la sénatrice démocrate du Massachusetts, candidate à l’investiture de son parti à l’élection présidentielle de novembre, paraît en perte de vitesse. Pourtant, le débat qu’elle a lancé devrait être l’un des plus animés de la campagne : faut-il faire payer les plus riches pour résorber les inégalités, promouvoir la protection de l’environnement, lancer de grands chantiers dans la santé, l’éducation, la rénovation des infrastructures, etc. ? Mme Warren a un plan de taxation des super-riches qui, selon son programme, ferait entrer en dix ans 3 750 milliards de dollars supplémentaires dans les caisses de l’État. Son concurrent à gauche dans la bataille des « primaires » démocrates, Bernie Sanders, propose l’adoption de mesures similaires.
A priori, ces chiffres paraissent outranciers. Ils le sont moins quand on sait que, comme s’en sont indignés à plusieurs reprises divers multimilliardaires depuis deux ans, les 0,1 % des Américains les plus fortunés disposent d’une richesse équivalente à celle des 80 % du fond du panier. Ces milliardaires-là – Bill Gates, Warren Buffett, les héritiers des empires Disney et Hyatt, entre autres – appellent ouvertement à une hausse notable de leur propre taxation. « Les riches devraient payer plus qu’ils ne le font actuellement, et cela inclut Melinda et moi », a encore clamé Gates le 4 janvier.
Faire payer les riches n’a rien de neuf aux États-Unis. L’idée s’affirme lors du New Deal, quand le président Franklin Roosevelt, en 1932, augmente la taxation de la tranche supérieure du revenu des plus riches de 50 % à 63 %. Celle-ci atteint 94 % en 1944, en pleine guerre mondiale. Elle va perdurer à un haut niveau jusqu’aux années 1970. Lorsque Ronald Reagan accède au pouvoir, en 1981, elle se situe encore à 70 % (pour les revenus supérieurs à 460 000 dollars de l’époque, soit 13,7 millions de dollars actuels). Elle va tomber très vite aux alentours des 40 %. Quant à la taxation globale du revenu des plus riches, elle baissera aussi de 55 % en moyenne à 34 %.
Depuis, tendanciellement, ces taux d’imposition n’ont cessé de se réduire. Et Donald Trump a accéléré le processus dans sa grande réforme fiscale de décembre 2017. D’abord en réduisant l’imposition des profits sur les capitaux, ensuite en procédant à un abaissement général de l’impôt sur le revenu de quelque 8 % pour tous. Belle preuve de mesure égalitaire « universelle » : depuis, les 1 % les plus riches – 1 770 000 foyers – se répartissent une manne équivalente à celle dont ont bénéficié… 97 millions de foyers, ceux qui constituent les 55 % des revenus imposables les plus faibles. Si Trump est battu à l’élection présidentielle de novembre, il est probable que l’enjeu de l’imposition des plus riches redeviendra une priorité de la nouvelle administration démocrate.
« L’enjeu est de sortir d’une spirale d’injustice fiscale »
Gabriel Zucman
De qui parle-t-on, quand on parle des riches ?
C’est un terme qui peut se révéler très flou. Pour pouvoir comparer les « riches » de différents pays ou de diff&…
[Jackpot]
Robert Solé
Les médias nous rebattent les oreilles avec les Arnault, les Bettencourt, les Pinault… Ils ne parlent jamais de nous, richards potentiels, qui sommes des millions.
– Vous ?
– O…
Sus à la pauvreté !
Olivier Babeau
Comme l’avait souligné Tocqueville, la France a la passion de l’égalité. Mais, obsédés par l’idée de limiter la fortune des plus riches, nous prenons le problème par le mauvais bout.
Les différences de fortunes entre les plus aisés et les plus pauvres paraissent aujourd’hui vertigineuses.…