« L’enjeu est de sortir d’une spirale d’injustice fiscale »
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De qui parle-t-on, quand on parle des riches ?
C’est un terme qui peut se révéler très flou. Pour pouvoir comparer les « riches » de différents pays ou de différentes époques et mesurer les inégalités, le plus simple reste encore d’identifier des groupes statistiques : les 1 % des individus les plus riches, par exemple, qui ont aux États-Unis des revenus supérieurs à 500 000 dollars par an. Ces revenus ont été multipliés par deux depuis 1980 : à l’époque, ils captaient 10 % du revenu national ; aujourd’hui, 20 %. Et si l’on parle de patrimoine, les super-riches – soit le 0,1 % le plus fortuné de la population (plus de vingt millions de dollars) – possédaient 7 % du patrimoine américain en 1980, contre 20 % aujourd’hui – l’équivalent de ce que possèdent les 90 % du bas. En Europe de l’Ouest, ces inégalités étaient semblables en 1980, mais le revenu capté par les 1 % les plus riches ne représente aujourd’hui que 12 % du revenu national. Ce qui prouve que la hausse des inégalités ne peut pas être simplement due à la mutation technologique ou au phénomène de mondialisation – elle est essentiellement le résultat de politiques publiques, en matière d’éducation, de marché du travail, et surtout de fiscalité.
Que s’est-il passé de ce point de vue ?
Depuis les années 1980, on assiste à un déclin général de la progressivité du système fiscal. Aux États-Unis, par exemple, les classes moyennes et populaires payent environ 28 % de leur revenu en impôts, avec un tout petit peu de progressivité pour les plus pauvres, mais avec une exception forte pour les milliardaires qui, depuis la réforme fiscale de Trump, ont un taux d’imposition global d’environ 23 %. C’est comme si vous aviez un impôt proportionnel géant, qui devenait dégressif pour les plus riches ! Dans le détail, on a assisté à une détaxation du capital sous toutes ses formes et à une augmentation de l’imposition du travail. Jusque dans les années 1980, l’Amérique avait un impôt sur les sociétés de 50 %, des taux marginaux sur les dividendes de près de 90 %, des taux de succession allant jusqu’à 80 % – une taxation du capital beaucoup plus lourde que ce qui a jamais pu exister en France. Aujourd’hui, le produit de l’impôt sur les sociétés est pa
« L’enjeu est de sortir d’une spirale d’injustice fiscale »
Gabriel Zucman
De qui parle-t-on, quand on parle des riches ?
C’est un terme qui peut se révéler très flou. Pour pouvoir comparer les « riches » de différents pays ou de diff&…
[Jackpot]
Robert Solé
Les médias nous rebattent les oreilles avec les Arnault, les Bettencourt, les Pinault… Ils ne parlent jamais de nous, richards potentiels, qui sommes des millions.
– Vous ?
– O…
Sus à la pauvreté !
Olivier Babeau
Comme l’avait souligné Tocqueville, la France a la passion de l’égalité. Mais, obsédés par l’idée de limiter la fortune des plus riches, nous prenons le problème par le mauvais bout.
Les différences de fortunes entre les plus aisés et les plus pauvres paraissent aujourd’hui vertigineuses.…