« Les gros », « les nantis », « les banquiers-rois », « la finance internationale » ou, tout simplement, « les riches » : les termes se sont succédé dans l’histoire politique française depuis plus d’un siècle, qui dit l’antagonisme sur lequel semble s’être construit notre rapport politique aux classes favorisées. À la fois signal d’une société inquiète de son délitement et matrice du populisme contemporain, la relation entre la politique et les riches n’en finit pas de nourrir fantasmes et postures.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Le suffrage universel s’est construit en France au XIXe siècle sur des bases ploutocratiques : même après l’installation d’un régime républicain en 1870, la « République des notables » a vu triompher un système dans lequel seules peuvent se porter candidat à une élection les personnes qui possèdent un certain capital économique, garant de la légitimité politique. Si les anciens propriétaires terriens déclinent avec la IIIe République, toute la fin du siècle est sous l’influence de la bourgeoisie industrielle et financière : c’est le temps des familles Schneider ou Wendel, ces maîtres des forges qui occupent des fonctions éminentes dans différents gouvernements et marquent de leur empreinte la vie économique et sociale.

Plusieurs facteurs vont transformer le rapport de l’opinion publique à la richesse et éroder le modèle de la République des notables. L’émergence de partis politiques modernes remet en cause un système politique qui s&rsqu

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