Ceci se passait en un temps où les gens possédaient encore la vertu précieuse de faire, comme on dit, « des folies » – suffisamment du moins pour que les rouages du monde, à la différence d’aujourd’hui, ne grincent pas trop fort –, un temps où bouffons et serveurs de thé gagnaient bien leur vie à vendre des histoires drôles pour chasser tout nuage du front serein des grands seigneurs et de la jeunesse dorée. C’était à qui serait le plus beau. Tous en venaient à se faire instiller l’encre du tatouage dans ce corps qui pourtant est un don du Ciel ; et somptueuses, voire puissamment odoriférantes, lignes et couleurs dansaient alors sur la peau des gens.

Pour se rendre aux quartiers galants par la « piste dite aux chevaux », les visiteurs en palanquin choisissaient les porteurs les plus richement tatoués, et c’est pour les hommes à beaux tatouages que les belles de Yoshiwara, de Tatsumi avaient le coup de foudre. Il va sans dire que piliers de tripots et sapeurs-pompiers se faisaient tatouer, mais aussi les bourgeois et, plus rarement, les samouraïs. Aux concours de tatouages, les participants, tapotant chacun son épiderme, échangeaient leurs critiques, exaltaient l’originalité du motif de leur i

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