La fascination du Bosphore
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Il y a mille cafés à Istanbul, le long du fleuve à l’heure du couchant, le Bosphore dans toute sa magnificence. C’est ici que le monde peut vous sauter à la gorge, vous extirper de vos rêveries et vous catapulter dans l’ailleurs. Ainsi, je me suis retrouvé en Asie en une étourderie, le taxi enjamba le pont en un tour de main et l’affaire était entendue. Mille cafés possibles, dont le Café Pierre Loti, mais celui qui me reste en mémoire est celui du musée d’Art moderne, non loin du pont Galata, dans les anciens docks réhabilités. Sans doute parce qu’il n’y avait pas un chat ce jour-là. Juste le temps maussade, la pluie rageuse. La longue baie vitrée de la cafétéria donnait sur le Bosphore et ce fut un enchantement de boire un café chaud réconfortant. La neige était de la partie, la ville ne savait plus où donner de la tête. Parfois, sur le sol verglacé, des voitures partaient lentement en toupie, se frottaient à des carrosseries, puis s’immobilisaient comme stupéfaites. Istanbul peut être ainsi, prise à revers, désarmée et enfantine. Ce café pris ainsi dans la solitude et l’horizon avait du coup comme une profondeur inattendue. Il parlait presque, disait à sa façon ce que l’on peut faire d’une ville, de sa vie. Un café ne saurait être ce point noir piégé dans une tasse, il fonctionne comme une ponctuation, une poulie. Et ce jour-là, dans le musée d’Art moderne, sous la neige de janvier, le gardien ferma les yeux sur l’appareil photo. Aujourd’hui, à l’été, le café doit avoir une autre saveur. Mais je suis certain qu’il a mille choses à vous dire. Saurez-vous l’écouter ?
Istanbul Modern, avenueMeclis-i Mebusan, LimanIsletmeleri Sahası Antrepo,quartier de Karakoy
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