En 1969, quand paraît ce poème, le Chili connaît une inflation de 30 %. Loin des niveaux qu’elle atteindra après le coup d’État de Pinochet en 1973, quand les prix de détail doubleront tous les mois. Mais l’antipoète Nicanor Parra applique déjà son ironie corrosive à cette hausse des prix qui semble douée d’une vie propre, tant que l’homme est son esclave.   

La hausse du pain entraîne une nouvelle hausse du pain
La hausse des loyers
Provoque instantanément le doublement des canons
La hausse des vêtements
Entraîne la hausse des vêtements. 
Inexorablement
Nous tournons dans un cercle vicieux.
À l’intérieur de la cage il y a à manger.
Peu, mais il y en a.
Hors d’elle on ne voit que d’énormes extensions de liberté.

Traduction inédite de L.C.
Nicanor Parra, « Inflacíon », Obra gruesa, Santiago, Universitaria, 1969

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