Si la production horticole est souvent un objectif bien identifié du jardinage, l’intérêt, le plaisir et le bien-être associés à cette pratique, qui justifient qu’on s’y adonne, dépassent sans nul doute le cadre de préoccupations alimentaires. Le jardinage, au même titre que d’autres activités de contact avec des éléments et des milieux naturels, produit en effet un certain nombre d’effets positifs sur la santé et le bien-être. Il favorise non seulement une activité physique, mais contribue aussi à la diminution du stress et à la détente des individus à travers des processus de régulation du système nerveux autonome : baisse de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle, des niveaux de cortisol salivaire, d’adrénaline et diminution d’une activité cérébrale dans le cortex préfrontal. Cette réduction physiologique du stress entraîne dès lors une diminution des facteurs de risques psychologiques et de la charge de certaines maladies, telles que les troubles anxieux et la dépression. Mais plus largement, la relation avec la nature au jardin participe à l’amélioration du bien-être mental et des fonctions cognitives, en restaurant les capacités d’attention. La nature sollicite en effet les systèmes neuronaux en douceur, sans les surcharger, et l’effort physique issu du jardinage s’accompagne d’une réduction de la fatigue mentale.

Pourquoi de tels bienfaits ? L’adaptation évolutive de l’espèce humaine au contact d’environnements naturels explique en partie cette préférence pour les espaces verts et la recherche de relations avec diverses formes du vivant, qui entraînent en retour une optimisation des performances du cerveau. Les caractéristiques des milieux contribuent aussi aux processus de santé : les molécules produites par certains végétaux agissent chimiquement sur le corps, l’exposition à des bactéries présentes dans le sol permet de développer des réponses immunitaires aux allergènes, tandis que le toucher, la vue et l’écoute d’éléments naturels participent directement à la réduction du stress.

Cependant le jardinage se distingue d’autres activités de contact avec la nature, en ce sens qu’il propose et produit une expérience complexe qui contribue à tisser des liens avec le monde. En même temps que le jardin prend vie sous les doigts du jardinier au fil des saisons, une transformation réciproque du regard porté sur soi et sur le monde s’opère. À travers les actions réalisées et l’observation des effets produits, le jardin alimente la fierté, l’estime de soi, le sentiment de responsabilité. Le développement de jardins thérapeutiques, qui combinent thérapie horticole, physiothérapie et psychothérapie, témoigne bien des bénéfices associés à cette pratique dans diverses situations cliniques – maladies mentales liées au stress, réadaptation après des attaques cérébrales ou des cancers, traumatismes de guerre… Et les initiatives de jardinage développées auprès de publics en situation de fragilité ou de précarité donnent la preuve qu’elles peuvent favoriser le bien-être, encourager une évolution des usages et, finalement, nourrir des préoccupations plus orientées vers le vivant. Ainsi, si le jardin peut être perçu comme un lieu d’épanouissement par les individus, c’est parce qu’il rappelle constamment qu’être soi-même exige, non pas l’imposition de sa seule volonté à autrui (humains et non humains), mais une nécessaire réciprocité et cohabitation avec la nature. 

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