Depuis le premier confinement, les Français témoignent d’un intérêt croissant pour le jardin et le jardinage. Est-ce une passion momentanée ?

Non, c’est à mon avis tout sauf anecdotique. La crise que nous traversons depuis un an et demi a ouvert les yeux à beaucoup de gens sur la folie de notre monde, à travers la crainte de la maladie mais aussi des dégâts écologiques ou de l’inaction politique. Et le jardin a cristallisé cette volonté de changement, cette envie d’une existence différente. Mais ce mouvement avait déjà commencé depuis plusieurs années.

C’est-à-dire ?

Il y a eu une prise de conscience, lente et progressive, dont les débuts remontent à 2005 environ. Les étudiants qui se tournaient jusque-là vers le design ou l’architecture ont commencé à prendre en compte le vivant, à travers le monde végétal et animal. Dans le même temps, on a assisté à un grand développement des jardins partagés, notamment à Paris où le premier a été inauguré rue Trousseau, dans le 11e arrondissement, en 2003, et où on en compte aujourd’hui plus d’une centaine. Les modes de gestion publique ont évolué vers une vision plus écologique, avec l’abandon des pesticides dans de nombreuses grandes municipalités, comme Rennes ou Grenoble. Ces premières expérimentations ont montré qu’il était possible d’inscrire ces jardins dans le tissu urbain, y compris pour des produits vivriers. Il y a un siècle, la couronne de Paris assurait l’autonomie alimentaire de la ville. Aujourd’hui, la capitale ne pourrait tenir que deux ou trois jours sans ravitaillement ! L’aspect même des villes et des jardins a changé, nous n’avons plus les mêmes compositions floristiques ni la même mosaïculture, y compris sur les ronds-points.

Cette évolution a également touché les jardins individuels ?

Tout à fait ! Les jardins individuels

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