À la retraite, certains hommes font pousser des fleurs, d’autres voient pousser leur ventre, constatait Lubitsch dans Le ciel peut attendre. Tant le soin d’un jardin est aussi soin de soi… et du monde. L’idéal du soldat vétéran cultivant son lopin de terre est une image de la paix, popularisée par Virgile sur une commande de Mécène.

Aux lieux où le Galèse, en des plaines fécondes,
Parmi les blonds épis roule ses noires ondes,
J’ai vu, je m’en souviens, un vieillard fortuné,
Possesseur d’un terrain longtemps abandonné.
C’était un sol ingrat, rebelle à la culture,
Qui n’offrait aux troupeaux qu’une aride verdure,
Ennemi des raisins, et funeste aux moissons :
Toutefois, en ces lieux hérissés de buissons,
Un parterre de fleurs, quelques plantes heureuses,
Qu’élevaient avec soin ses mains laborieuses,
Un jardin, un verger, dociles à ses lois,
Lui donnaient le bonheur, qui s’enfuit loin des rois.
Le soir, des simples mets que ce lieu voyait naître,
Ses mains chargeaient, sans frais, une table champêtre :
Il cueillait le premier les roses du printemps,
Le premier, de l’automne amassait les présents ;
Et lorsque autour de lui, déchaîné sur la terre, 
L’hiver impétueux brisait encor la pierre,
D’un frein de glace encore enchaînait les ruisseaux,
Lui déjà de l’acanthe émondait les rameaux ;
Et, du printemps tardif accusant la paresse,
Prévenait les zéphyrs, et hâtait sa richesse.

 

 

 

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