Le diabète est un mal aujourd’hui connu de tous, qui possède même sa journée mondiale, le 14 novembre. Il est le tueur le plus insidieux qui soit. Et pourtant, on ne s’intéresse à lui que lorsque les complications apparaissent. Le reste du temps, il progresse sans symptômes, profitant des dérives de notre mode de vie citadin, de notre manque d’exercice, de nos addictions au sucre, des excès de notre alimentation industrielle et/ou déséquilibrée. 

Le diabète est ainsi en passe de devenir le fléau et la pandémie de notre siècle naissant. Il touche chaque année un plus grand nombre de nos contemporains et se classera dans vingt ans au premier rang des maladies humaines. C’est aujourd’hui une maladie quasi hors de contrôle à l’échelle planétaire, car elle atteint tous les continents et tous les pays, des plus riches aux plus défavorisés : l’Afrique, la Chine, l’Inde sont les plus affectés.

En France, près de 3,5 millions de personnes sont diabétiques. La maladie sévit principalement parmi les personnes âgées, mais aussi chez les catégories populaires (5,8 % de la population en Seine-Saint-Denis, contre 3,2 % à Paris) ou dans les territoires d’outre-mer. Elle représente pour la société un coût de 11 milliards d’euros par an ! 11 milliards dépensés pour traiter le diabète et ses complications, mais sans jamais guérir cette affection qui est irréversible.

Le diabète de type 2, dit diabète gras, est le plus fréquent (90 % du nombre total des diabètes). Il entraîne des complications très graves, touchant le cœur, les artères (avec des risques d’amputation), les nerfs, les reins, la rétine, et favorisant même l’impuissance. Quant à la maladie d’Alzheimer, son risque d’apparition est multiplié par deux chez le diabétique.

Et pourtant, quelque part entre l’homéostasie (le stade auquel on métabolise normalement le glucose et l’insuline) et le diabète de type 2, on peut basculer dans un état intermédiaire, sans symptômes et durant lequel la personne n’a pas conscience de son état, appelé prédiabète. Sur le plan clinique, il se caractérise par une hyperglycémie modérée à jeun (par opposition à l’hyperglycémie franche observée en cas de diabète avéré), supérieure à 1,05 g/l mais inférieure à 1,26 g/l.

Le prédiabète n’est pas en lui-même considéré comme une pathologie à part entière, mais avant tout comme la dernière étape avant le diabète de type 2. Rien n’est cependant perdu puisqu’une équipe américaine qui a suivi des sujets prédiabétiques pendant près de six ans dans le cadre de l’étude randomisée DPPOS (Diabetes Prevention Program Outcome Study) a clairement établi que la perte de 5 à 7 % de son poids et la pratique régulière d’exercice physique (150 minutes par semaine) permet un retour à une glycémie normale. Cela réduit de 56 % le risque pour un prédiabétique de développer par la suite un diabète de type 2 avéré. Car c’est là le plus intéressant : si l’organisme fonctionne comme un cliquet et qu’une fois devenu diabétique, on ne revient plus jamais à l’état initial, le prédiabète lui est réversible. Il n’existe pas de traitement médicamenteux à ce jour, mais des mesures préventives en termes d’hygiène de vie peuvent être salutaires.

Le délai de passage du prédiabète au diabète de type 2 est inconnu : dans certains cas, cela peut prendre deux ans et, dans d’autres, jusqu’à vingt ans. C’est une bonne nouvelle, car cela signifie qu’on dispose d’un temps relatif pour réagir et prendre les mesures nécessaires afin d’éviter le pire. Il n’est jamais trop tard pour se faire dépister, grâce à une simple prise de sang qui mesure la glycémie à jeun, et pour appliquer les règles décrites plus haut. Aujourd’hui, 700 millions de personnes sont prédiabétiques sur terre. Cela concerne un adulte sur trois aux États-Unis, un sur deux en Chine ! Or un prédiabète précocement dépisté constitue à la fois un indicateur précieux, un signal d’alarme puissant et l’occasion de réagir et d’agir pour reprendre le contrôle de son métabolisme et de sa santé. La prévention du diabète doit devenir prioritaire pour endiguer l’épidémie. 

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