Il y a de bons et de mauvais sucres. La langue – celle qui goûte les mots – en sait quelque chose. C’est toute la différence entre mon café et mon permis de conduire. Je veux bien qu’on me sucre le premier, mais surtout pas le second. Et si un pickpocket me sucrait ma montre, je déposerais plainte immédiatement.

La douceur ne se limite pas au goût. Elle concerne tous nos sens : un parfum suave, un tissu soyeux, un paysage harmonieux, une voix mélodieuse… La douceur évoque la délicatesse, l’attention, la bienveillance, la patience, l’indulgence, l’amabilité, l’humanité, la bonté… Méfions-nous cependant des propos mielleux, sirupeux, qui confinent à l’hypocrisie. Attention aux yeux doux ! « Faire sa sucrée » se dit d’une femme maniérée qui affiche une gentillesse excessive et joue la modestie pour nous tromper. C’est le contraire d’une personne authentique, « pur sucre ». Laquelle ne saurait être confondue avec les êtres fragiles, qui sont simplement « en sucre ».

Le sucre n’est ni bon ni mauvais en soi. Tout dépend de l’usage qu’on en fait. Offrir un su-sucre à son chien ne mange pas de pain. Mais il est vilain de casser du sucre sur le dos de quelqu’un. Et scandaleux de se sucrer quand on gère un budget collectif.

Les becs sucrés ont besoin d’un peu de douceur dans ce monde de brutes. À la limite, ils se passeraient des autres saveurs de base – le salé, l’amer et l’acide – si on leur laissait celle-là. Même convaincus par les mises en garde les plus effrayantes de la diététique, ils ont du mal à y renoncer. Arrêter le sucre n’est pas du gâteau ! 

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