Économie : l’heure des comptes
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À l’approche des élections, le président Trump défend ses réformes et vante leurs effets sur l’économie américaine, et il est vrai que celle-ci était avant la crise sanitaire dans sa onzième année d’expansion, avec un taux de chômage historiquement très bas – au prix, certes, d’un creusement des déficits. La bonne santé de l’économie constituait donc un argument important de la campagne du président. À son arrivée à la Maison-Blanche, la situation économique était certes favorable, mais qu’a fait le président qui lui ait permis de maintenir la croissance ?
L’administration Trump a décidé de réduire les contraintes réglementaires pour certaines industries et a consenti en 2017 d’importantes baisses d’impôts. La réforme fiscale adoptée par le Congrès a conduit à une baisse de la taxe sur les bénéfices des entreprises (de 35 % à 21 %), qui s’accompagne d’une déduction fiscale pour les entreprises dont les profits ne sont déclarés qu’au travers des revenus de leurs propriétaires. La taxe minimum de 20 % sur les bénéfices effectifs a également été supprimée, de même que la taxe sur les héritages au-dessous de 10 millions de dollars. La taxation des profits placés à l’étranger au moment de leur rapatriement est, elle, passée de 35 % à 15 % afin d’encourager les grands groupes américains à transférer aux États-Unis des activités et des capitaux situés à l’étranger. Les géants de la technologie ont certes joué le jeu en 2018, mais ils se sont surtout attachés à racheter leurs actions, limitant dès lors le rapatriement des activités industrielles sur le sol américain. La conjugaison de ces deux effets de réduction des contraintes réglementaires pour certains secteurs et de baisse des impôts a conduit à la hausse des actions sur les marchés financiers, mais avec des différences très contrastées. Les groupes de grande taille spécialisés dans le secteur technologique ont vu le montant de leurs actions s’envoler, alors que les secteurs de l’acier, du pétrole, du gaz, de l’aluminium, voire du charbon en ont pâti.
Dans le domaine du commerce, l’administration Trump a décidé d’augmenter les droits de douane sur les importations chinoises, ouvrant ainsi une véritable guerre commerciale. Les taxes douanières sur les échanges commerciaux de biens entre les États-Unis et la Chine sont donc passées de 3 % environ en 2017 à près de 26 % fin 2019. Plus généralement, l’ensemble des mesures prises par l’administration Trump a touché pour près de 420 milliards de dollars d’importations américaines. En représailles, les mesures (principalement) chinoises ont touché près de 133 milliards d’exportations américaines. Quel a été l’impact de ces décisions ?
Il semble tout d’abord que les exportateurs chinois-importateurs américains aient répercuté presque intégralement la hausse des droits de douane sur les prix de vente, de sorte que les importateurs et consommateurs américains ont subi près de 114 milliards de dollars de pertes. À l’inverse, les producteurs américains locaux ont été bénéficiaires de ces mesures. Cependant, l’ampleur de ces gains peut varier selon : 1) la réaction des consommateurs américains, qui achètent plus volontiers localement ; 2) la hausse des coûts de production induite par la hausse des intrants importés ; et 3) la baisse des exportations liée aux mesures de représailles, tarifaires ou non. Dans l’ensemble, les producteurs américains ont gagné 24 milliards de dollars. Et le gouvernement américain a vu augmenter ses recettes fiscales d’environ 65 milliards. Au total, l’économie américaine aurait donc perdu 25 milliards de dollars annuellement, soit environ 0,13 % du PIB ou 0,22 % de la consommation américaine. Et du point de vue des déficits commerciaux américains, les effets ont été presque négligeables, la baisse des importations en provenance de Chine étant compensée par la hausse des importations en provenance d’autres pays (parfois limitrophes de la Chine, certains producteurs ayant délocalisé leur production).
Enfin, dans le domaine de la santé, l’administration Trump s’est attachée à détricoter l’Obamacare. Si les effets peuvent sembler négatifs pour la population, cette réforme a permis de réduire les effets des franchises de santé qui, sous Obama, avaient augmenté de 60 % en moyenne. Les primes d’assurance avaient également fortement augmenté, en moyenne de 25 % pour l’ensemble des États. L’administration Trump, elle, laisse aux citoyens américains la liberté de choisir, avec bien évidemment une question qui reste en suspens : comment payer des frais de santé élevés sans assurance, notamment en période de pandémie ? Et c’est bien cette pandémie qui risque de fragiliser le bilan économique de Trump. L’économie américaine peine aujourd’hui à redémarrer avec un PIB qui avait plongé de 32,9 % au second trimestre 2020, le plus bas niveau depuis 1947, 12,9 millions d’emplois détruits depuis le mois de février et un taux d’emploi de 55,1 % en juillet contre 61,1 % en février.
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