Les images de manifestations monstres de jeudi dernier, le parfum d’une colère sociale démultipliée par le 49.3 et la surdité du gouvernement ravivent depuis quelques jours les souvenirs de toutes celles et ceux qui ont connu la dernière grande grève qui a fait plier le gouvernement. Pour ceux-là, le mois de décembre 1995 est tantôt le modèle d’une mobilisation sociale réussie, tantôt le cauchemar d’un pouvoir qui plia face à la rue. Il était déjà question d’une réforme des retraites et d’un allongement de la durée de cotisation, quelques mois seulement après l’élection de Jacques Chirac sur le thème de la « fracture sociale ». Le gouvernement d’alors revendiquait aussi, après trois semaines de manifestations fortement suivies et de blocage du pays par près de 5 millions de grévistes, de rester « droit dans ses bottes » face à la rue, selon l’expression qu’Alain Juppé laissa dans l’histoire de l’inflexibilité politique. Las pour lui, dès le 15 décembre, sous la pression des syndicats, il lui fallut, à défaut de bottes, manger son chapeau et, lâché par le président, renoncer à sa réforme des retraites. La suite est connue : après dix-huit mois chaotiques pour le gouvernement, la dissolution et la cohabitation ont sonné le glas du premier quinquennat de Jacques Chirac.

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