Mes chers compatriotes, je vous ai compris.

(Applaudissements, cris, chants. « On â ga-gné ! On â ga-gné ! »)

Attendez. J’ai compris que vous n’aviez pas compris la nécessité de cette réforme des retraites qui est pourtant vitale…

(Cris, hurlements.)

Attendez, attendez. Puisque cette réforme n’a l’air de plaire à personne, je la retire. Je laisse à celle ou celui qui me succédera le soin de trouver une solution miracle…

(« On â ga-gné ! On â ga-gné ! Macron démission ! »)

Non, je n’ai aucune intention de démissionner, et aucun intérêt à dissoudre l’Assemblée nationale. Vous allez devoir me supporter encore quatre ans.

(« Hou, hou, hou ! Tire-toi, Jupiter ! »)

J’ai renoncé à être Jupiter. Je me vois plutôt en Vulcain, patron des forgerons. Mais voilà que Mme Mathilde Panot, qui préside le groupe des députés insoumis, m’a assimilé à Caligula, un psychopathe meurtrier, un monstre assoiffé de sang.

(« Tire-toi, Caligula ! »)

Non, je ne m’en vais pas, mais désormais, je ne vous embêterai plus. Je me consacrerai essentiellement à la politique étrangère, j’accepterai toutes les revendications salariales, quoiqu’il en coûte, j’éviterai la moindre réforme susceptible de fâcher quiconque.

(« Mélenchon président ! »)

C’est moi que vous avez réélu il y a moins de douze mois, après m’avoir observé pendant cinq ans.

(« Plus jamais ça ! »)

La Constitution ne m’autoriserait pas à briguer un troisième mandat. Mais au tour suivant, me direz-vous ? Je n’en sais rien. La politique est un métier dont on ne souligne pas assez la pénibilité. En 2032, j’aurai déjà 54 ans ! Sans doute l’âge de prendre ma retraite. 

Vous avez aimé ? Partagez-le !