Faire naître une démocratie participative
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Quand on considère l’affaiblissement de la légitimité de nos représentants – pas seulement du président de la République, mais aussi de l’ensemble des élus, des maires aux parlementaires –, on mesure l’urgence de faire évoluer le cadre de notre démocratie et donc de nos institutions. Cette crise de notre démocratie représentative empêche de plus en plus concrètement de gouverner, d’autant plus que, dans de nombreux domaines, les politiques à mener seront radicales, notamment sur les sujets climatiques et environnementaux. Le risque existe que des gouvernements de moins en moins légitimes aient de plus en plus recours à des dispositifs répressifs pour imposer leurs choix. La réforme des retraites a mis en évidence la tension entre une légitimité électorale en peau de chagrin et la légitimité de la rue ou de l’opinion, cette légitimité d’un peuple qu’Emmanuel Macron a tenté de disqualifier en parlant de la « foule ».
Chacun constate que la Ve République est à bout de souffle. Même les plus conservateurs perçoivent que la pratique verticale du pouvoir permise par nos institutions ne correspond plus aux attentes de citoyens de plus en plus éduqués et de plus en plus allergiques aux discours d’autorité et au fait du prince. Je ne vois pas comment on pourrait faire l’économie d’une réforme profonde de nos institutions.
La pratique verticale du pouvoir ne correspond plus aux attentes des citoyens
Pour rénover notre vie démocratique, il n’y a pas, à mon sens, une recette miracle, mais un ensemble de mesures qui pourraient s’articuler entre elles. Le changement de mode de scrutin me paraît être l’un des chantiers prioritaires. Le scrutin majoritaire uninominal à deux tours est à l’origine d’un hiatus grandissant entre l’onction qu’est censé recevoir le représentant de l’élection et sa légitimité réelle minée par les taux d’abstention et des votes de rejet plut
« Toute réforme impopulaire génère un choc des légitimités »
Jean Garrigues
Pour l’historien Jean Garrigues, la crise actuelle porte à son apogée la déconnexion entre la légitimité institutionnelle et la légitimité, plus impalpable, de la souveraineté populaire.
[Caligula]
Robert Solé
Mes chers compatriotes, je vous ai compris.
(Applaudissements, cris, chants. « On â ga-gné ! On â ga-gné ! »)
Attendez. J’ai compris que vous n’aviez pas compris la nécessité de cette réforme des retraites qui est pourtant vitale…
Qui est le peuple ?
Stéphanie Roza
La philosophe et chargée de recherche au CNRS Stéphanie Roza analyse le concept de « peuple », de l'Antiquité à la Commune de Paris.