Qui possède quoi dans ces enclos ? À qui est-ce,
la montagne investie jusqu’au sommet,
les murs patients, les blés jaunes, les amandiers ?
Serait-ce à toi, à toi, ce beau domaine,
la maison, la pièce d’eau précieuse,
l’enfant qui crie sur la pelouse ?
Ah, qui saura retenir entre ses mains
les murs qui tombent, la fleur immuable,
les héritages démembrés, les puits taris ?
Des familles éteintes, qui lira les noms
sur la mousse des tombes oubliées ?
Et le vent, les rochers, et la mort, à qui est-ce ?

La campagne, qu’on croyait immuable, change autant que les villes. De retour dans sa Bourgogne natale, André Frénaud se demande où est son pays. Les questions se succèdent dans ces vers libres, où dominent les alexandrins. La disparition des paysans rejoint les interrogations métaphysiques. 

 

Il n’y a pas de paradis © Éditions Gallimard, 1962

 

 

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