VOUS me dites, chère collègue, qu’avant de nous rejoindre dans cet établissement, vous avez enseigné dans un collège difficile. Si j’ai bien compris, des élèves de troisième bravaient votre autorité, vous adressaient des moqueries, parfois des insultes, et certains d’entre eux, qui vous dépassaient d’une tête, vous menaçaient même physiquement. Rassurez-vous : rien de tel ici, parce que l’école et les familles travaillent main dans la main. 

Notre principal souci est de ne pas heurter les convictions religieuses de nos élèves. La laïcité, à laquelle nous sommes très attachés, affirme la liberté de manifester ses croyances. Nous devons donc nous adapter à celles-ci.

Si vous voulez exercer votre métier sereinement, ignorez l’actualité. Concentrez-vous sur le programme et oubliez les sujets qui fâchent. Personne ne vous oblige à parler de Darwin, d’athéisme, d’antisémitisme, de sexisme ou d’homophobie. Associez les parents à votre enseignement. Soumettez-leur à l’avance le thème et le contenu de votre prochain cours. Ils vous donneront leur opinion dans le cahier de correspondance. En cas d’approbation unanime, allez-y sans crainte. Mais cela ne vous dispense pas d’être très prudente. Un mot malencontreux peut vous échapper et semer le trouble chez des adolescents à qui ont été inculquées, dès la toute petite enfance, de solides convictions sur la création du monde, la révélation divine, la distinction entre hommes et femmes, le pur et l’impur, l’enfer et le paradis... Introduire un quelconque doute dans des têtes aussi bien faites serait criminel.

Allez, je n’en dis pas plus ! Vos élèves vous attendent. Ils seront sages si vous l’êtes aussi. 

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