À Venise, le Carnaval a refusé de mourir. On a fêté Mardi gras, quitte à porter un masque chirurgical sous celui d’Arlequin ou de Colombine. Les groupes carnavalesques étaient moins nombreux que d’habitude, mais on pouvait en croiser dans les musées rouverts pour l’occasion. Il y avait même la queue place Saint-Marc pour entrer dans le palais des Doges. C’étaient des habitants de Venise et de la Vénétie, et quelques rares étrangers, car il n’est toujours pas permis de voyager d’une région à l’autre en Italie. À Rome, les musées du Vatican attirent les habitants de la capitale qui profitent de l’absence des foules de touristes. Mais à Florence, le musée des Offices, comme tous les musées de Toscane, a refermé ses portes. La région est repassée en zone orange et elle le restera au moins jusqu’en mars.

Il y a en Italie trois catégories, dotées chacune d’une couleur, selon le niveau de contamination : jaune, presque normal, comme à Rome, à Venise et dans la majorité des régions ; orange, en demi-confinement, comme en Toscane ; et rouge, qui correspond à un confinement strict, comme en Ombrie. Certaines communes peuvent être classées rouge alors qu’elles sont situées dans une région jaune. Dans les zones jaunes, les bars et les restaurants fonctionnent, mais ils doivent fermer à 18 heures. Et les musées, y compris les expositions temporaires, sont autorisés à rouvrir, en général du lundi au vendredi, avec des réservations et des jauges contingentées. Parfois, l’entrée est gratuite.

L’Italie reste un pays de villes, de communautés et de régions jalouses de leur identité et de leurs prérogatives. « Elle n’a jamais été un État centralisé, surtout pas du point de vue culturel », explique Alberto Garlandini, président du Conseil international des musées. C’est pourquoi les mesures diffèrent d’une région à l’autre. Les musées sont ouverts ou non selon la décision des régions et des villes. À Venise, le maire veut les refermer jusqu’au mois d’avril, considérant que le manque de touristes rendrait leur exploitation trop coûteuse.

Les gestionnaires de salles de cinéma et de théâtres espèrent qu’ils pourront reprendre leur activité début mars. Pas tous, d’ailleurs. Car beaucoup de propriétaires de cinémas sont hésitants, pas pour des problèmes sanitaires mais pour des raisons économiques. Faute de films nouveaux à diffuser, et avec des jauges limitées, ils ont perdu beaucoup d’argent cet été quand les salles avaient rouvert avec très peu de public.

L’Italie est connue pour sa capacité d’adaptation. En politique, on appelle cela le « transformisme ». Face à la pandémie, ce pays qui, il ne faut pas l’oublier, fut le premier frappé en Europe, et très durement, fait preuve de souplesse. Mais aujourd’hui, le nouveau gouvernement de Mario Draghi a une situation difficile à gérer. Les stations de ski qui avaient été autorisées à rouvrir le 15 février ont appris la veille qu’elles resteraient fermées. Et le conseiller scientifique du ministre de la Santé a réclamé un confinement total du pays, provoquant la colère de Matteo Salvini, le chef de la Ligue, désormais dans la majorité. 

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