New York relève la tête
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Le voyageur qui arrivait de New York à Paris au cours de l’été 2020 ne pouvait que s’exclamer, cent ans après Hemingway : « Paris est une fête ! » Il quittait une ville sans restaurants, sans musées, sans théâtres, sans salles de concert, presque sans commerces, désertée par nombre d’habitants, pour plonger dans un maelström estival de terrasses ouvertes, de bars, de salles de cinéma, d’expositions temporaires et permanentes, à l’ombre des marronniers. Il pouvait légitimement se sentir le successeur de Henry Miller, venu trouver à Paris la fin des carcans puritains et le dérèglement de tous les sens. Et vanter le goût français des plaisirs de la vie en l’opposant à la paranoïa hypocondriaque (germaphobic, comme ils disent) de ces crétins d’Américains.
Six mois plus tard, on a le triomphe plus modeste. Alors qu’en France la situation est ce qu’elle est, à New York le long processus de retour à la normale, commencé à la fin de l’été, a désormais pris sa vitesse de croisière. New York n’est pas encore redevenue le tourbillon qu’elle était « avant ». Les salles de concert, les théâtres, les cinémas sont toujours fermés dans la ville elle-même, mais les cinémas sont ouverts dans le reste de l’État du même nom, moyennant quelques procédures de sécurité.
Les musées ont pour leur part rouvert. En réservant son ticket un ou deux jours avant sa venue, on peut tout à fait aller au Metropolitan, et y voir une exposition consacrée à Goya, ou la récente donation faite par l’artiste allemand Georg Baselitz, ou tout simplement les collections permanentes du plus grand musée du monde. On peut aller voir le nouveau MoMA, qui avait été inauguré en début d’année dernière. Au Guggenheim, une exposition intitulée « Countryside : the future », consacrée à l’avenir de la ruralité, se déploie le long de l’escargot de Frank Lloyd Wright. Les bibliothèques publiques ne sont pas ouvertes, mais elles ont mis en place un service « à emporter » qui pallie les besoins les plus urgents.
Quant aux restaurants, ils avaient le droit d’ouvrir des terrasses (chauffées) depuis six mois. Ils ont désormais, depuis la Saint-Valentin, retrouvé le droit d’accueillir en intérieur, avec une capacité réduite. Pourquoi les évoquer dans un article sur la culture ? D’une part parce qu’à New York les restaurants sont culturels, ils sont une ambassade de chacune des minorités émigrées dans la ville. D’autre part, parce que la vie culturelle consiste autant à voir un film ou une exposition qu’à en discuter, après, avec ses amis. Non ?
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