En 1991, Artpress avait publié un numéro spécial sur les « nouvelles technologies ». On y traitait des « vertiges du virtuel », de l’« esthétique de la simulation »… La sortie de ce numéro avait donné lieu à une rencontre à l’École nationale des beaux-arts de Paris. Le philosophe et urbaniste Paul Virilio, qui avait participé au numéro, faisait partie des intervenants. Je le revois : il se leva tout à coup de son siège, s’avança très droit sur l’estrade et, d’une voix bien posée, presque véhémente, nous parla de… l’art de la danse. Nous étions là pour discuter d’images dématérialisées et lui nous rappelait la présence des corps. Virilio voyait juste. Les années qui suivirent furent riches d’innovations dans le domaine de la danse, tandis que ce qu’on appelait alors la Toile s’étendait et resserrait ses maillons. La liberté de l’une compensait l’emprise de l’autre.

2020. Un virus s’attaque aux corps, et la Toile aujourd’hui ramifiée en variants dénommés « télétravail », « visioconférences », « visites virtuelles », en profite pour prendre le dessus,

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