AU THÉÂTRE, on appelle relâche une suspension momentanée des représentations pour permettre à la troupe de se reposer ou de préparer une nouvelle pièce. Il arrive aussi que des événements inattendus en soient la cause, comme le décès de l’acteur principal, une catastrophe naturelle… ou une méchante épidémie. Rien à voir avec un navire qui fait relâche dans un port pour des réparations, même si depuis des mois les comédiens français, privés de public, ont l’impression d’être menés en bateau.

Une chose est de jouer à guichets fermés, une autre de se morfondre dans une salle aux portes closes. Aux plaintes des artistes se joignent celles des metteurs en scène, des régisseurs, des machinistes, des décorateurs… Sans parler du tourment psychologique qu’une fermeture peut infliger à des ouvreuses.

Les trois coups se font attendre. Rideau baissé, le drame se joue en coulisses, mais gagne le boulevard. Dans de longues tirades, les gens du spectacle accusent le gouvernement de lâchage. Toutes les mesures barrières n’ont-elles pas été prévues, des loges au poulailler ? Un fauteuil sur deux n’est-il pas barré par un ruban de scène de crime ? Dehors, le public s’impatiente. Masqué, testé, parfois même vacciné, il est prêt à tous les sacrifices, quoi qu’il en coûte. Pourquoi se relâcherait-il pendant les représentations ?

Les professionnels de la culture reviennent à la charge continuellement, sans relâche. Un coup de théâtre n’est pas exclu. Le public, lui, ne crie pas « Remboursez ! », mais « Ouvrez ! » Il ne demande qu’une seule chose : qu’on remette le spectacle en liberté. Bref, qu’on le relâche. 

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